Identités, symboles et représentations

 

 

 

Démarche artistique

 

 

 

1. Identité des symboles

 

            La naissance de symboles et de signes au sein de notre société de « mass medias » prend une place prépondérante aujourd’hui. Cette construction d’identité, engendrée par le port ou la présence de ces symboles, nous questionne sur leurs valeurs et sur le paraître qu’ils peuvent engendrer. Roland Barthes les a analysé dans ses écrits, ces symboles qui font notre quotidien, interrogent aussi bien sur leur forme que sur leur fond.  Il a démontré qu’ils ont parfois besoin d’une relecture, car leur signification première est souvent perdue. Nous apparaissant  de nouveau dans leurs sens originaux, ils peuvent être détournés ou encore même isolés. Le symbole est polysémique. Je joue en partie sur cette caractéristique dans ma recheche artistique, ce qui me permet de questionner les valeurs et  l’importance de ces symboles mais aussi leurs ambiguïtés. Selon la place et le lieu où ils sont utilisés, le sens d’interprétation de ces derniers peut varié. C’est un système signifiant, relevant de la connotation, de l’analogie. Des opérations de distinction et de relation/unification produisent du sens pour un individu ou un groupe social. Le symbole apparaît ainsi comme la réalité visible (accessible aux cinq sens) qui invite à découvrir des réalités invisibles. Tout homme utilise journellement le symbolisme sans le savoir. Il n’y a donc pas là un domaine réservé ou occasionnel, mais une pratique quotidienne où le rôle du symbolisme consiste à exprimer n’importe quelle idée d’une façon qui soit accessible à tous.

Étymologiquement, le mot symbole vient du grec sumballein qui signifie « lier ensemble». Un symbalon était à l’origine un signe de reconnaissance, un objet coupé en deux moitiés dont le rapprochement permettait aux porteurs de chaque partie de se reconnaître comme frères et de s’accueillir comme tels sans s’être jamais vus auparavant. Un symbole est également un élément de liaison riche de médiation et d’analogie.

 

2. Les espaces de représentations

 

            La représentation d’une identité dans notre univers contemporain passe souvent au travers de divers signes, symboles ou logos qu’on voit apparaître et naître au sein de divers lieux ou encore portés, arborés. Je Joue sur la  polysémie de ces signes présents dans mon travail photographique. Les symboles laissent souvent apparaître une forme d’ambiguïté dans leur utilisation. Les espaces de représentations dans les institutions publiques (hôtel de ville, préfecture, ...), sont des miroirs de notre société. Le décorum et la théâtralisation se retrouvent au sein de ces lieux, s’appliquant aussi à notre société où l’individu règne dans un paraître, ou dans des

« paradis artificiels » (Baudelaire). Ce jugement peut donc s’appliquer au travers de ces lieux où la représentativité étant le fleuron de notre société actuelle, use des artifices d’un décorum symbolique qui devient actuellement presque archéologique.

 

La position du sujet par rapport à l’objectif, la distance et le cadrage adoptés tiennent une place prépondérante dans la perception de l’image. La frontalité et le cadrage serré

pré-dominent dans l’ensemble de mes images, faisant écho à la photographie d’identité et judiciaire levant ainsi la problématique du face à face. Volonté de dominance et de rapport de force entre le spectateur et l’image. Ce « mur » qui est placé devant le spectateur se joue d’un « effet paon » qui vient perturber et séduire ce dernier, de par la composition architecturale ainsi que l’abondance ornementale, et de sa puissance chromatique qu’il en dégage.

Un «Rideau de scène» est dressé entre nous et le pouvoir.

 

            Ces lieux ne sont-ils pas devenus «des machines à faire croire » ?, des devantures qui à la fois sont utiles mais restent illusoires. Ce sont des « allées de roi » présentent dans un seul but : nous montrer la monumentalité et la puissance au travers d’une esthétique du pouvoir récurrente.  La lumière présente dans mes photographies se rapproche du traitement lumineux visible dans la peinture flamande, lumière douce, laissant apparaître les détails.

 

            Les symboles qui gravitent à travers ces lieux sont récurrents dans leurs formes, progressivement ces espaces deviennent des vitrines.Les signes héraldiques (armoiries) se transforment en logos, en une marque de représentation. L’abandon du système héraldique laisse place à un système marketing (logos), d’une lecture indirecte on passe à une lecture directe.

 

            Les images affrontent les spectateurs directement, sans distance ni échappatoire possible. Ces espaces se dressent perpendiculairement sur leurs chemins et leurs barrent le passage. Comment se situe l’individu par rapport à ces espaces de pouvoir ? à ces lieux de contrôle, provenant de notre société. Ces espaces qui sont créés pour nous et conçus pour ces regroupements, uniformisant ainsi le public. Ce qui impose un rapport de force inégale entre les symboles qui y découlent et qui saturent ces lieux. Ces derniers écrasent ainsi de leur poids l’individu qui y circule. Accentué par cette non-présence qu’on retrouve dans mes photos, le spectateur est interpellé et se retrouve seul face à ce lieu et ces symboles.

« L’homme est un animal social » écrivait Aristote, les images s’unifient ou se confrontent. Mais elles émanent toutes d’une réflexion qui questionne ainsi nos contemporains sur où commence l’individu, où finit la collectivité ? Et inversement ? Quels sont les rapports de l’individu aux collectivités et espaces dont il est membre ?

 

            Le rapport au sublime se rattache à la notion de l’esthétique qu’on trouve dans ces

« théâtres » politique. Ces lieux qui perdurent dans le temps renvoient à une interrogation sur leurs utilités au sein même du pouvoir, ne sont-ils pas devenu des lieux du paraître  promis à un  abandon qu’on essaie de faire perdurer au travers de notre société? Assistant à une délocalisation du pouvoir qui ne se joue plus au sein même de ces lieux « façade ».

 

 

3. Les signes au travers du portrait

 

 

            L’individu et son rapport à la collectivité reste au centre de ma recherche artistique,  l’utilisation et le questionnement sur le portrait font partie intégrante de ma démarche. Le paraître et les apparences qu’ils peuvent endosser, ou les éléments qu’ils inscrivent dans l’architecture sont autant d’interrogations qui se transcrivent par une représentation, qu’elle soit politique ou sociale. Imprégnant notre société sous une forme de communication non-verbale, inhérente à la relation entre les individus et au jeu social.

 

            Symboliser le lien entre la théâtralité qu’on retrouve dans le monde politique confronté a la pose du portrait. Le rapport à l’autre au travers d’un signe distinctif, d’une marque, d’un logo, d’un sigle. La hiérarchisation se fait dès notre enfance par rapport au groupe. Préparés à une mise en condition pour ainsi mieux paraître plus tard. S’interrogant sur l’apparence que peuvent se donner ces derniers au travers de dérivés : objets, marques, consommateur effréné dès son plus jeune âge pour essayer de combler un manque, un vide, une absence.

 

 

 

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